Encore une fois, il s’était retrouvé dans ce genre de situation : un mec lambda, le premier type en costard cravate qui passait plaqué contre un mur, se mangeant les poings d’un Isaac enragé. Sa jeunesse lui faisait prendre l’avantage sur ces trente-quarantenaires qui travaillaient pour la plupart dans des endroits tels que la City de Londres. Il ne vivait pas loin de là, dans un quartier pourtant riche, noble, aristocrate, pour les gens ayant du blé, tout le contraire de lui quoi. Ce très cher Mark avait cependant eu la bonté de les laisser vivre, ses parents et lui, dans l’un des appartements de son immeuble, en raison de certains liens très anciens entre leurs deux familles. Mark, il était riche. Les Hammer, ils étaient pauvres. Et comme toute personne normale et censée, du moins, c’est ce qu’il se disait, Isaac haïssait les gens qui chiaient de l’argent et qui avaient un réel avenir devant eux. Parce que les études supérieures, ça coûtait la peau des fesses, et dans le misérable lycée de pauvres de l’autre côté de la ville où il était, les profs étaient pour la plupart absents, fuyant les petits merdeux de son genre qui eux sont de loin beaucoup plus violents que lui, et qu’importe le statut social de la personne qu’ils ont devant eux.  Il se demandait même ce qu’il foutait encore là, à essayer d’aller en cours. Ca ne servirait à rien au final, il aurait des problèmes d’argents pour financer ses projets futurs, pour changer.

Le type commençait à saigner sous les coups pleins de colère du jeunot. Le truc qu’il n’avait pas vu venir, c’était les deux autres mecs, habillés classy également, s’approcher de derrière.


Il fut raccompagné par Mark, rencontré par hasard pendant qu’il essayait de rentrer chez lui en boitant. Cette fois, il ne mâchait plus ses mots pour lui faire la morale. Il n’était plus aussi cool qu’avant. Avant, il laissait passer, mais maintenant, il en avait visiblement marre de retrouver Isaac les os à moitié brisés dans son quartier pour riches. Les gens qu’il agressait, ça devenait toujours les mêmes, à force, et ils savaient où il habitait, à force. Mark craignait qu’ils se plaignent. A coups sûrs, s’ils se plaignent, ils vont le faire dégager, ou pire, faire dégager ses parents en plus de lui. Mais il s’en foutait un peu, Isaac, il avait trop de fierté, trop d’égo en lui pour laisser passer une occasion de leur cracher à la gueule à ces richards. Il préférait vivre chez les pauvres comme lui, plutôt que chez des personnes de pouvoir.

Une fois chez lui, il se fit sermonner et enfermer dans sa chambre, à clé. Ca devenait une habitude pour lui. Comme à chaque fois, il s’allongeait et essayait de trouver le sommeil pour que son temps de « Vas-y, essaye de bouger de ta chambre » passe plus vite. Sauf que ce jour-là, la conversation que ses parents avaient eue avec Mark l’avait gardé les yeux ouverts. Il l’avait bel et bien senti venir. Il allait se faire virer d’ici. Ses parents restaient par contre, mais il se disait que ça arrangeait tout le monde au final. Mais le truc, c'est que personne ne s’est plaint. C’était juste Mark, il avait peur qu’on se plaigne de son immeuble, ou plutôt des gens de son immeuble. Pourtant il était riche, ce n’est pas comme s’il allait se faire virer de son job de luxe, être ruiné et vivre à la rue si d’autres richards étaient pas contents. Faut croire que la réputation, c’est comme le domicile du pauvre, mais pour le riche : on ne veut pas la perdre.

Le plus étrange, c’est que Marc a eu l'idée sortie de nulle part, avec l’accord obligé de Monsieur et Madame Hammer, d’envoyer Isaac au Japon, à l’autre bout du monde quoi, dans un pensionnat du nom de Rayen. C'est donc ainsi que les nouvelles aventures de Super Isaac commencent – petite musique d’ambiance – !