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« Come in my garden flat I have some good wine. » ♪ Free

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Message« Come in my garden flat I have some good wine. » ♪ Free- posté le Dim 13 Juil - 17:40

Aujourd'hui était un nouveau jour.
Mais un nouveau jour sans rien de neuf, défilant sans grande originalité.

Cela semblait être un jour comme tous les autres, emplis de banalités. Tous semblables. Tous aussi gris les uns que les autres, dénués de couleurs et de saveurs. Comme un vieux disque qui tournait et tournait sans cesse en boucle. Cela ne devait faire qu'un mois que j'étais là, au pensionnat, et c'était comme si la routine s'était déjà installée. On ne s'en rendait jamais compte dans l'immédiat, mais n'était-ce pas cela qui finissait par nous tuer? Et pourtant, tellement de gens savaient s'en contenter. Ou plutôt la subissaient. Je faisais partie de ces personnes là qui s'en accommodaient.

C'était étrange sachant comment je pouvais qualifier ma vie. Comme un fromage. « Elle pue. » Avec plein de trous aussi. Il n'y avait rien. Jamais rien. Je me sentais déjà vieille avant même d'être jeune, avec mon train-train habituel dépourvu d'intérêt. On avait qu'une seule vie, mais jusqu'à maintenant, à quoi pouvait-on résumer la mienne? A rien. Si ce n'était à de la merde, on pouvait clairement le dire. Et je ne pouvais m'empêcher de lâcher un profond soupire rien qu'à cette idée. J'en avais pleinement conscience, alors pourquoi m'entêtais-je encore à rester dans un tel état d'inertie? Il ne fallait pas s'étonner. Je méritais amplement ce vide décidément impossible à combler. En venant ici, il y avait des centaines de rencontres à faire. Combien en avais-je fait jusqu'alors? Je pouvais les compter sur les doigts de ma main. Mais la plupart des humains étaient tellement méchants et sans coeur que je ne pouvais que davantage me replier sur moi-même. Finalement, qui était le plus humain de nous tous? C'était une sorte de protection. Et à la fois d'offense pour ce que j'étais.

La réalité ne faisait que m'abattre, jour après jour. Je craignais en être trop marquée. Je possédais déjà trop de cicatrices à mon goût, de profondes blessures qui ne pourraient jamais être refermées, ni effacées. Encore actuellement. Elles étaient bien là, me rongeant intérieurement. Alors le seul moyen que j'avais trouvé était de m'échapper. Fuir le plus loin possible, et ne jamais en revenir. Alors oui, sûrement paraissais-je la plus lâche de toute, mais je n'en pouvais plus. Je le savais que je n'étais pas l'actrice de ma vie, que je ne savais plus de quelle façon je devais réagir ni passer outre, et ce depuis trop longtemps déjà. Je m'arrêtais bien trop sur ce que les individus pensaient de moi. C'était pourquoi dorénavant, je préférais les éviter.

Mais à m'enfermer dans mon propre monde digne d'une utopie, cela me consumait doucement, mais sûrement. Je perdais la majeure partie de mon temps à imaginer ce qui n'était pas et ce qui ne serait probablement jamais. Je n'avais jamais autant souhaité perdre mon temps de cette façon. Or, j'avais du mal à réaliser que je me trompais sur toute la ligne. J'aurais du comprendre que le pire mal pour moi n'était autre que moi-même. Mais à cette heure, je l'ignorais malheureusement toujours. Je me complaisais ainsi dans cet univers imaginaire, pensant obstinément que c'était le meilleur des refuges, mon seul et véritable havre de paix.

« Alors laissez-moi. Laissez-moi dormir une fois pour toute,
et réveillez-moi seulement quand ça sera fini.
S'il y a une fin. »

Je flânais dans le jardin de Rayen aux mille et une senteurs, sous le crépuscule qui commençait à embraser la terre de ses couleurs réchauffant. Je paraissais telle une poupée de porcelaine, dans ma robe rose pastelle, avec mon teint de Blanche Neige. Je m'arrêtais de temps à autre pour respirer l'odeur de ces quelques jolies fleurs. J'ignorais qu'un établissement dans lequel on devait rester enfermé la plupart de notre temps conservait un si bel endroit. C'était comme si, durant le temps d'une balade, on ne se trouvait plus entre les quatre murs de cette école. Ca ressemblait en tout point à mes échappatoires. J'affectionnais particulièrement ce genre de lieu. Cet endroit en était presque déconcertant, baigné de lumière, exaltant chaque sens. C'était un peu comme si on était subitement transporté à un autre endroit du globe. Pour moi en tout cas. Ca avait un air de vie qui manquait amèrement ici. Pourquoi m'étais-je pas perdue plus tôt entre ces massifs luxuriants, mélangeant couleurs et parfums et où le bruit du vent dans les quelques arbres se mêlaient au chant des oiseaux? Là où plus rien ne semblait contrariant.

J'aurais pu être déçue pourtant. J'avais toujours été curieuse de découvrir un jardin japonais et ses célèbres cerisiers en fleurs, ses bonsais et bambous, le pont rouge surplombant la rivière et menant à un salon de thé éclairé par des lanternes, uniquement rythmé par le son du fameux sozu. Celui là ne ressemblait pas à ce genre de jardin typique. Il y avait bien quelques arbres japonais, mais sans plus. On ne pouvait attribuer de définition précise d'ailleurs, comme s'il semblait mélanger plusieurs genres. Cela reflétait un peu ce pensionnat tout compte fait, accueillant des étudiants venus un peu des quatre coins du monde. Ca en faisait un lieu accessible à tous. J'aimais beaucoup ce concept là. Comme quoi, il n'était pas impossible qu'on se retrouve tous malgré nos différences. Mais ça, qui voudrait l'entendre?

Il fallait que je profite pleinement de ce magnifique endroit où je me retrouvais visiblement seule. Je chassai donc rapidement ses pensées négatives qui revenaient sans cesse, comme une rengaine. Comment disait-on déjà? Zen... Ca devait être ça. D'ailleurs, je croisai un coin de pénombre qui avait su me charmer. Je m'y arrêtais donc, et m'allongeais même dans l'herbe verte, fraiche, mes yeux rivés vers le ciel aux différentes nuances. Puis je fermais mes paupières et pris une grande bouffée d'air. Je me sentais bien,  pour une très rare fois assez détendue. Il fallait que je revienne plus souvent ici. Au moins, la journée semblait subitement beaucoup plus radieuse. Comme quoi, il en fallait peu.

Seul un papillon vint me déranger, celui-ci s'étant posé furtivement sur le bout de mon nez avant de redéployer ses ailes. Rouvrant mes améthystes et me redressant, je le fixais jusqu'à ce qu'il disparaisse. Il était d'un bleu comme je n'en avais jamais vu. A tel point que cela me paraissait presque iréel. Je me relevai, et ce fut alors que je vis un jeune homme qui regardait dans ma direction, de ses yeux imperceptibles et d'un tendre sourire. Ce n'était pas la première fois qu'on se croisait. Je le voyais très souvent. Presque tous les jours pour ne pas dire de bêtise. Mais j'ignorais toujours qui il était, malgré que je le lui demandais.


« Who are you? »

Comme à chaque fois que je posais cette question, la seconde suivante, il suffisait juste d'un battement de cils pour qu'il disparaisse. C'était... très bizarre. Enfin. Je ne m'en inquiétais pas davantage et je poursuivis ma promenade sur le sentier en passant sous une tonnelle richement fleurie et filtrant les derniers rayons du soleil. Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas autant usé de mon temps. Un peu comme si finalement, il s'était arrêté de tourner. Il ne comptait plus. S'offrait à présent à moi une plus grande association de couleurs. Je croyais que cette vision ne pouvait être révélée que par de grandes toiles, la peinture offrant la liberté d'embellir toujours le paysage que l'on avait choisi de représenter.

Un peu plus loin, j'aperçu une petite balancelle en bois clair sur lequel se trouvait ce même inconnu d'un peu plus tôt. Manifestement intriguée, je le fixais, penchant légèrement ma tête de côté, jusqu'à ce qu'il me fasse signe d'approcher. J'hésitais un moment, restant parfaitement immobile hormis mes paupières qui clignaient. Puis c'était comme si mes jambes avaient décidé de s'avancer toutes seules, sans que je leur ordonne. Je finis donc par m'asseoir à ses côtés, lorgnant toujours cette tête impossible à dévisager. Je répétais ma question à laquelle il ne répondait jamais autrement que par son sourire. Bon sang, c'était quoi son problème? Je ne savais pas que c'était aussi difficile de donner juste un prénom. Et pourtant, ça ne nous empêchait pas de se balancer doucement, et de parler de tout et de rien, et ceci jusqu'à ce que la nuit finisse par tomber. Du moins on était bien partis. Mais c'était comme si à présent le ciel était figé. Qu'importait.

Au bout d'un moment, il prit sa guitare en main qui, j'ignorais où il avait donc bien pu la cacher jusque là. Mais aux premières notes, cette nouvelle interrogation n'avait plus aucune importance. D'un air totalement ahuri, je le regardais de mes iris éclairées, éveillées. Moi qui croyait que j'étais la seule à connaitre cette chanson sortie d'on ne savait où. Enfin si, de France, je crois? Et sur ce fond musical, je me mis inexplicablement à chanter, comme si c'était la seule et unique chose que j'avais à faire. Puis, il me rejoignit à son tour.


« Come in my garden flat I have some good wine.
Come in the neighborhood I'll drive you wild.
I love, love, love watching my friends dancing at night.
I love, love, love when my flat is full of people on a moon.
It fills me up like a drug of fool in the neighborhood. »


Et on ne s'arrêtait plus, chantant inlassablement en choeur. Pourquoi en devenais-je aussi béate, avec ce sourire à présent ridicule sur mon visage? C'était comme si j'étais emportée dans un tourbillon dans lequel je serai incapable d'en ressortir. Ca avait un côté tellement plaisant. Et la soirée s'annonçait tellement claire, attendant la lune et ses rayons d'argent, à l'instar de ma chevelure opaline.

Alors comment pourrais-je expliquer que celle-ci étaient en réalité trempée?
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