Mack’ a grandi dans une petite ville dans le sud de Japon, à quelques dizaines de kilomètre de Matsuyama. Jusqu’à l’âge de 8 ans sa vie fut un véritable morceau de paradis qu’elle partageait avec sa sœur jumelle Blair. Les deux petites blondes aux yeux bleus faisaient tache dans la petite ville japonaise, un peu comme leur mère à qui elles ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Tous les habitants les connaissaient, en parlaient, les dévoraient du regard. C’était deux poupées blondes à qui tout souriait. Etre connu de tout ça avait des avantages, par exemple à la boulangerie la serveuse craquait toujours et leur offrait un petit bonbon chacune. Ce n’est pas grand-chose, mais quand on a moins de 8 ans, c’est beaucoup. On se sent spéciale, chouchoutée et surtout unique même si l’on est deux. Après, comme tous les jumeaux, les deux enfants entretenaient une relation presque fusionnelle. Elles n’arrivaient pas à se quitter plus de trente minute. Après c’était les crises de nerf, les pleurs, les hurlements, enfin, tout ce qui fait de ces petits bouts de chou des êtres aussi adorables. Ou pas.

Mais le rêve se transforma vite en cauchemar. Peu après l’anniversaire de leurs 8 ans Blair perdit la vie lors d’un accident de voiture. C’était un peu la faute du père de Mackenzie même si elle ne l’a jamais su. C’était un stop, il aurait dû s’arrêter et l’autre voiture aurait dû allumer ses feux. L’accident ne fut pas très violent, enfin si, mais pas tant que ça puisque Mack et ses parents n’eurent que quelques blessures. Le problème, c’est que Blair c’était détachée le temps de ramasser sa poupée qui avait glissé sous le siège de son père.  Alors voilà, de 4 ils sont passés à 3 mais surtout de 2 elle est passé à une. On dit toujours que cela doit être difficile de perdre son jumeau, sa moitié, mais tant que l’on ne l’a pas vécu on ne peut pas se rendre compte à quel point ça l’est. Ça l’a détruite, brisée. Mais elle n’a jamais osé en parler, elle n’a jamais osé pleurer devant ses parents. Elle voyait bien qu’ils pleuraient déjà assez sans qu’elle n’ait besoin d’en rajouter. Alors elle refoulait ses sentiments, les enterrant bien profondément pour être sûre que personne ne les trouve. Et au fond, à force de les enterrer, elle a fini par les oublier. Elle n’était pas triste, mais elle était personne.

A partir de ce moment Mack a toujours été ce que ses parents attendaient d’elle, ce que sa famille voulait. A leurs yeux elle était et est toujours la petite fille modèle, qui fait tout son possible pour réussir. C’est le premier rôle qu’elle a eu à jouer, son premier masque, qu’elle continue à jouer lorsqu’elle est avec eux. Au final, elle n’a jamais cherché à se trouver, à comprendre qui elle était vraiment. Elle préférait se fondre dans ce personnage, c’était bien moins compliqué et ça évitait d’ouvrir les vieilles cicatrices. Arrivé à l’adolescence elle s’est créé un nouveau caractère. La petite fille modèle ça va bien 5 minutes mais cela n’aide pas vraiment à se faire des amis. Alors elle a mis au point une Mackenzie extravertie et extravagante. Elle l’a peaufiné en observant les autres et surtout les personnes populaires pour voir ce qui plaisait. Au fur et à mesure elle y a ajouté quelques excentricités, voyant bien que l’originalité attirait aussi beaucoup les gens. Elle a même apprit à se modeler en fonction de la situation, devenant un véritable caméléon. Mais cela n'a pas que des avantages, par exemple, elle n'a jamais réussi à avoir de vrais amis, à se fixer dans un groupe. Elle ne fait que passer dans la vie des gens sans vraiment s'investir. Cherchant juste à plaire, encore et toujours, comme elle avait apprit à le faire avec ses parents. En plus, en ne se cherchant pas, on ne se trouve pas et encore moins quand on change tout le temps de personnalité. Jusque-là, tout est logique. Mais la chose se complique pour le style vestimentaire. La mode est une chose un peu abstraite pour elle alors elle s’essaye à tous les styles, cherchant désespérément quelque chose qui lui convienne. Sans grands résultats.

A l’âge de 17 ans elle décida de quitter sa ville natale pour intégrer un pensionnat. Elle avait envie  de changer d’air, de voir autre chose, de ne plus sentir le regard empathique des habitants sur elle dès qu’elle traverse la rue. Elle ne savait pas vraiment où aller, cela n’avait aucune importance. Un jour, sur internet, elle tomba par hasard sur le Pensionnat Rayen, c’était à deux petites heures de voiture de sa ville natale. Alors, pourquoi pas. Les négociations furent compliquer avec sa famille, il ne voulait pas la laisser partir, c’était leur petite fille chérie, la seule. Mais elle a invoqué un argument imparable : des maltraitances à l’école. C’était faux, bien entendu, mais au moins elle savait que ça marcherait. Pour marquer son nouveau départ où peu de choses changeraient elle décida de se faire tatouer. Les cerisiers étaient en fleur ce jour-là alors elle opta pour ce motif. Pour ne rien oublier, pour ne pas l’oublier complètement elle décida d’y ajouter discrètement le prénom de sa sœur.