Osaka – 3 Juillet 1998
Une femme, seule, va accoucher d'un enfant, résultat de la pire infamie de cette planète. Pourquoi cela ? À cause d'une soirée qui a mal tournée, à cause d'une jeunesse qu'elle n'a pas voulu rater. Et pendant quatre mois, elle ne se doutait de rien. Elle était, selon elle, encore innocente, elle ne voulait pas d'enfant. Elle aurait tellement voulue être mère bien plus tard. Pour rien au monde, elle n'aurait voulu laisser ses 17 ans en l'air.

Cyndia Merryweather. Une jeune anglophone venue habiter au Japon pour ses 16 ans, suite à un déménagement plutôt mal organisé. Cette ville ne lui apporta aucun bon moment. Des ennuis à tous vents, des ennemis presque partout dans le pays. Elle finit vagabonde punk rebelle, limite anarchiste. Si seulement elle avait su qu'elle allait tomber enceinte au Japon... Elle finit, au bout de plusieurs mois après la naissance de son enfant, de l'accepter. Le père ? Connu, mais a fuit trop tôt. Pauvre enfant, ne jamais connaître véritablement ses parents. Pourquoi est-ce que je dis ça ? Vous verrez.

Il fut bilingue quasiment depuis la naissance. Il parlait anglais avec sa mère, à la maison, et avec sa pseudo-famille., tandis qu'à l'école, on ne parlait que japonais. Du haut de ses quatre ans, hésitant rarement, il parlait déjà deux langues, et en plus, il jouait déjà très bien de la guitare, grâce à son grand-père. Mais bon, la vie n'est pas remplie de choses roses et toutes mignonnes. Les colonies de vacances servant de garderie pour ce jeune garçon, le reste de la famille était partie en 2003, à Hokkaido, en vacances, eux aussi. Si seulement ils savaient, qu'ils allaient être pris dans un tsunami, en plaine journée. Si seulement le petit garçon de cette famille n'avait jamais été né pour voir cela...

Osaka – 29 Septembre 2003

On retrouva un jeune garçon, sans famille, sans rien du tout. Dans un orphelinat à Osaka, pendant trois ou quatre ans. Et l'adolescence, actuellement commencée, mais toujours solitaire. Pendant quelques années, il passa le restant de ses jours, à composer des morceaux, qu'il écrivit sur des feuilles, qu'il jeta, qu'il refit, qu'il rejeta. Il restait enfermé dans sa chambre, n'adressant la parole à presque personne. Des bonnes notes ? Il voulait malgré tout se construire un avenir, avoir un futur qui ressemble à quelque chose.

Sa mère ? Il n'en fit mot à personne, c'est à peine s'il s'en souvient encore, aujourd'hui. Mais quand il y pense, des fois, il pleure. Cachant et encore son malaise, sa tristesse, derrière ses délires personnels, ses tenues extravagantes et surtout, derrière sa musique. Il ne veut ressembler à personne qu'il n'a connu avant. Il veut laisser le temps de passer. Il veut être aimable avec des personnes dont il n'aurait aucun intérêt à l'être. Mais il n'en a même plus la motivation. Comme si ça ne suffisait pas, il avait un surnom stupide, suite à une faute d'inattention d'un prof. « Katsu »*. Pendant plusieurs mois, ce fut le morceaux de côtelette de l'établissement. Ça les faisait rire, hein ? Cette bande d'idiots.

Osaka – 5 Février 2014

Finalement, son orphelinat, racheté. Pour être détruit, et reconstruit, afin qu'il devienne un centre commercial. Ce qu'il devint ? Il partit. Le directeur connaissait un pensionnat très sympathique, fort chaleureux, sans doute près à accueillir ce pauvre bonhomme. Malgré tout, ce directeur n'avait jamais eu plus désolant comme cas. Autant employer les grands moyens, pour essayer de lui redonner le sourire. Pas besoin d'un réel pensionnat strict, pour lui. N'ayant que de bonnes notes, il irait dans un endroit plus détendu, plutôt que sévère au niveau des notes.

Aujourd'hui

Mais je sens que vous vous questionnez. Qui est ce jeune garçon qui a quitté cet orphelinat, et qui mène ce quotidien morose ? Qui est ce jeune garçon qui se cache derrière sa solitude désirée ?

Shun Matsumoto.

*Katsu, de l'anglais Cutlet, signifie un morceau de viande bien connu en France : la côtelette.